Au Paris Grain Day, on envisage des marchés haussiers jusqu’en 2023
Le rendez-vous européen du marché des matières premières agricoles, organisé par Agritel les 27 et 28 janvier derniers, s’est tenu dans un contexte de « hausse record des prix depuis six mois ». Et qui devrait se poursuivre au moins pendant deux ans.
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« En 42 ans de carrière, je n’ai jamais vu un tel renversement de situation », s’est exclamé l’expert américain Dan Basse, président du cabinet AgResource, mondialement connu dans le secteur des grains, lors de la 5e édition du Paris Grain Day. En effet, en l’espace de quelques mois, les céréales et les oléagineux sont passés d’un contexte d’offre lourde à un marché très tendu par l’explosion de la demande.
Des matières premières au plus haut depuis huit ans
Le changement majeur repose sur une accélération de la demande avec la pandémie mondiale qui incite désormais les grands pays importateurs à sécuriser des stocks alimentaires chez eux. Parmi ces derniers, « la Chine, portée par sa croissance et une demande domestique insatiable, entraîne toutes les matières premières, hors pétrole, à la hausse dans des proportions jamais atteintes depuis huit ans », analyse-t-on chez Agritel. Et de l’avis des experts présents à l’évènement, l’empire du Milieu devrait continuer d’importer massivement pendant encore plusieurs années afin de garantir sa sécurité alimentaire.
« C’est un marché haussier dynamique et il le restera au moins 24 mois », est persuadé Dan Basse, qui avance des fourchettes de prix à venir de 15 à 17 dollars le boisseau ($/bu) pour le soja à Chicago (550 à 625 $/t), de 5,7 à 6 $/bu pour le maïs « hors incident climatique en Amérique du Sud » (225 à 235 $/t), et de 7,5 à 8 $/bu pour le blé (275 à 295 $/t).
Un consensus haussier pour 2021
Le Paris Grain Day Consensus, qui a clos cette 5e édition, affichait d’ailleurs une tendance haussière pour l’année 2021 avec une note de 3,63 sur 5 (5 étant très haussier). Cet indicateur, issu du vote de l’ensemble des 300 acteurs internationaux de la filière des grains présents en vidéoconférence, est censé refléter leur sentiment sur le marché actuel des matières premières agricoles. Pour rappel, il s’élevait à 3,08 début 2020.
Cette spirale haussière est accentuée par la volonté des grands pays exportateurs de protéger, eux aussi, leurs propres marchés domestiques de l’inflation galopante des prix alimentaires, comme l’Argentine ou la Russie, laquelle va ainsi taxer et contrôler sous quota ses exportations de blé dès le 15 février. Les fonds d’investissement participent également à l’effervescence actuelle.
Renaud FourreauxPour accéder à l'ensembles nos offres :